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Ça y est. Il était enfin là, à peine à quelques mètres d'elle et maintenant il paniquait. Il avait harcelé son agent pour savoir où elle était, sans réponse, ses amis qui l'ont envoyé au diable, il lui avait téléphoné des millions de fois sans réponse. Et comme une évidence, internet, les médias, ceux qu'il avait toujours détesté allaient enfin être utile et lui servir à quelque chose. Soren savait trop bien que lorsqu'on était connu, il était impossible de rester caché bien longtemps. Il suffisait que quelqu'un vous reconnaisse, le dise à une amie, qui le dit à une autre amie et ça atterrit vite sur le net. Il avait juste eux à taper son nom et quelques minutes plus tard il savait. Nantucket. Oui, il connaissait de nom, il en avait déjà entendu parlé mais jamais mis les pieds. Et maintenant qu'il avait fait le voyage, qu'il se trouvait devant la maison, oui, il paniquait. Il ne se reconnaissait pas, c'était pas lui ça, à attendre, à réfléchir à quoi faire en fumant nerveusement sa cigarette. Non, Soren Hartley c'était le type qui agissait selon son instinct et qui réfléchissait après, pas le type qui paniquait et qui se demandait quoi faire. Et pourtant, cette grande maison le bloquait. Il avait la boule au ventre, le trac, lui avoir le trac, ce qu'il n'avait jamais eu, et pourtant tout peut arriver. Qu'est ce qu'il allait bien pouvoir lui dire ? Il allait se pointer, sonner, attendre qu'elle ouvre et après. Hey, ça va ? Stupide ! Salut, tu m'a manqué ? Non ringard tu peux trouver mieux quand même. S'il te plait pardonne moi ? Et pourquoi pas se mettre à genoux en pleurant tant que t'y es hein ? Pathétique, c'est ce que t'es Soren au fond, avec ta saleté de fierté, ton arrogance à croire que rien ne t'affecte et que y'a que toi qui compte. Merde réagis mon gars, c'est pas toi tout ça. Il pourrait continuer à se demander quoi faire pendant des heures, il n'avancerait pas plus. Cette fois ci, c'était à lui et lui seul de trouver les mots justes, pas de texte, pas de prompteur, seulement lui face à ses conneries qui lui font autant mal qu'aux autres. Il écrasa sa cigarette et pris une grande inspiration. C'était maintenant ou jamais. Il avançait sur le palier tout en sentant les battements de son cœur s'accélérer, tout comme sa respiration et appuya sur la sonnette. Ça y est Soren, maintenant tu peux plus te défiler. Il avait l'impression d'attendre des heures devant cette porte, il savait qu'elle était là, et pourtant, chaque secondes à attendre que la porte s'ouvre paraissait être des heures. Soudain la porte s'ouvrit, il sentit son cœur se serrer. Il leva lentement les yeux, un regard grave. Oui, c'est elle, qu'est ce qu'elle lui avait manqué, ses yeux, sa bouche, elle était encore plus belle que dans ses souvenirs et paraissait tellement triste. A cause de toi abruti! Il l'aime, oh oui qu'est ce qu'il l'aime, pourquoi est-ce qu'il avait été aussi con, il voulait la prendre dans ses bras, l'embrasser, s'excuser un million de fois, il sentait sa gorge se serrer. Elle avait l'air furieuse, meurtrie, parle idiot, dit quelque chose qu'est ce que t'attends ? Parle avant que … Trop tard, avec force, Chloe venait de claquer la porte. Putain qu'est ce que tu croyais Soren ? Qu'elle allait te sauter dans les bras, tout te pardonner, t'épouser, faire 3 enfants et rester jusqu'à ta mort à tes côtés ? Merde, la vie était pas un de tes films ! Il attendait devant cette porte fermée, comme un abruti, comme si tout à coup, en disant le mot magique elle allait de nouveau s'ouvrir. Il fit un pas, posa la main sur la poignée, évidement qu'elle était fermée, à quoi s'attendait-il. Il soupira et posa son front contre la porte, fermant les yeux il parla d'une voix douce. « Chloe … Chloe s'il te plait ouvre moi. »

Je me rappelai tous les moments que j'avais passé devant la télévision, pot de crème glacé double chocolat en main, zappant entre les films d'amour et les nouvelles à potins. Je ne pouvais pas sortir faire l'épicerie sans apercevoir mille et un magazines avec Soren et moi dans un cœur brisé. J'étais devenue l'ombre de moi-même, déchirée complétement. Je ne dramatisai même pas, j'étais au bout du rouleau. Une solution s'est imposée à moi. Une seule, mise à part celle de faire la peau à Soren, bien sûr. J'ai donc bouclé mes affaires et j'ai pris le chemin de ma petite île. Je me suis réfugiée dans ma villa de vacances et j'espérai tranquillement disparaître du monde. C'était même pas la peine de penser à pouvoir devenir anonyme. Il y avait toujours une fillette qui réussissait à m'identifier. Après quelques temps, la nouvelle a parcouru sur le net. Et puis, sont arrivés quelques papparazzis. Mais, eux, ils ne me gênaient pas tant que cela. Ce n'était pas comme si Soren avait décidé de rappliquer sur l'île, par chance.
Habituellement, j'étais une personne inébranlable, j'étais affectée, mais je ne le montrais pas. Ce fut tout le contraire avec Soren. Il m'a ébranlée par son amour, puis en me trompant. On pourrait presque dire qu'il a joué avec mes sentiments, non ? J'étais folle amoureuse de lui, vraiment. Enfin, je ne devrai pas utiliser un verbe au passé, parce que... j l'aime encore. Il est encore là, dans ma tête et dans mon cœur. Mais je suis blessée, vraiment profondément. Je lui avais accordé toute ma confiance et il l'a souillée. Même si je réapprenais à l'aimer, je ne sais pas si j'arriverai à lui faire confiance à nouveau. Je ne suis pas quelqu'un de très fort, et je ne suis pas assez stupide pour me jeter dans la gueule du loup une deuxième fois.
Lorsque la lumière avait filtré au travers du rideau, ce matin, j'avais tranquillement poussé les couvertures et m'étais extirpée du lit avec mille et une difficultés. Tous les matins étaient pénibles depuis ma rupture avec Soren. Je descendis à la cuisine et me préparai des pancakes. J'avalai le tout avec un grand verre de jus d'orange et mes pilules. C'est le médecin qui me les avait suggérées. Parce que supposément que ces troubles émotionnels n'aidaient pas mon état. Pas fantastique comme dénouement. Je m'installai ensuite au salon pour lire un manuscrit que mon agent m'avait envoyé la veille. Elle croyait que ça allait peut-être m'aider, mais, sincèrement, l'humeur n'y était pas. Je survolai les pages. Une histoire d'amour. Encore. C'était hors de question, pas ce genre de films pour moi de sitôt. Je jetai un rapide regard à l'extérieur, il faisait beau. Je pris donc la décision de partir vers la plage. C'était la seule chose dont j'avais envie en ce moment. J'attrapai donc tout le nécessaire et me dirigeai vers la porte. Juste devant celle-ci, je pris une grande respiration. J'allai affronter le monde, comme à chaque fois que je sortais de mon repère. J'ouvrai doucement la porte et aperçus la dernière personne que je voulais voir sur Terre. Je restai sous le choc un instant. Mais, putain, qu'est-ce qu'il foutait sur mon porche lui ? J'étais tiraillée entre l'idée de lui mon poing au visage et celle de l'embrasser fougueusement. Je sentais les larmes me monter aux yeux. Je sentais que rapidement, le souffle me manquait. Je me mordis la lèvre inférieure avant de rapidement refermer la porte et de la verrouiller. Je respirai avec peine. Je m'assieds contre la porte et posai ma tête contre mes genoux en sanglotant. Ma blessure qui avait tout doucement commencé à guérir était maintenant une plaie béante. J'entendis la poignée de la porte se faire tourner, sans succès. Je l'entendis pousser un soupir, puis sa voix passa au travers de la porte. « Chloe … Chloe s'il te plait ouvre moi. » Je relevai la tête et séchai mes larmes du revers de la main en essayant de reprendre une certaine contenance. « Qu'est-ce que tu fais ici, Soren ? » Je n'osai même pas rouvrir la porte et affronter son regard. Le voir me faisait mal.

Il avait voulu jouer au Dieu mais il n'était pas immortel. Il pensait être au dessus de tout, être invincible. Être maître de sa vie, alors qu'il n'était qu'un homme, encore pire que les autres. 6 mois c'était long, mais il savait qu'il tiendrait la distance, parce qu'il n'avait jamais ressentit ce qu'il ressentait pour Chloe auparavant. Il avait grandit dans un monde artificiel et avait enfin trouvé quelque chose de vrai, de réel, et ça n'était un mystère pour personne, dès qu'ils étaient ensemble plus rien d'autre n'existait. Mais Soren avait cette capacité incroyable de détruire tout ce qui le rendait heureux, même sans le vouloir, comme si il s'interdisait à connaître le bonheur. Et il y eut ce fameux soir, alors qu'il se trouvait à des kilomètres d'elle, où il avait été lâche, où il avait été un moins que rien, où il s'était cru plus fort que n'importe qui et qu'il pouvait se permettre de faire ce qu'il voulait. Il n'y avait prit aucun plaisir, il était rongé par le remord. Pourquoi avait-il fait ça ? Parce qu'il avait toujours fait comme ça, parce que c'était qui il était. Il avait toujours vécu comme ça, au pour le jour, sans attache, sans réfléchir aux conséquences. Il n'avait même pas remarqué que sa relation avec Chloe l'avait changé, qu'elle avait créé une sorte de dépendance, lui qui se croyait libre comme l'air, on avait réussit à l'attraper. Et c'était peut être pas peur qu'il l'avait fait. Il avait peur d'être différent de ce qu'il avait toujours été, peur d'aimer et d'être aimé. Il voulait se prouver qu'il était toujours le même, le Soren Hartley qu'on avait toujours connu et que ce n'était pas une fille qui allait tout changer. Oui, sauf que Chloe n'était pas une simple fille, et il avait fallu qu'il gâche tout pour qu'il s'en rende compte. Il aurait très bien pu ne jamais le dire à Chloe, garder cette histoire dans un coin de sa tête et finir par croire que rien n'était arriver. Mais impossible, rien qu'en voyant Chloe, il repensait à ce qu'il avait fait. Et ça se voyait, il était bouffé par le remord, ses gestes étaient moins tendre, il avait une attitude détaché. Et il avait fini par tout lui avouer. Qu'est ce qu'il espérait, qu'elle allait tout lui pardonner si il lui disait. Qu'est ce que t'es naïf mon pauvre Soren. Et maintenant il se retrouvait face à une porte fermée, face à ses conneries, face à lui même. Il entendait les sanglots de Chloe à travers la porte. Il se mordit la lèvre inférieure. C'était de sa faute, à lui seul, si elle était dans cet état là, et il savait bien que seulement le voir la faisait souffrir. Mais ne pas la voir le faisait souffrir aussi, était-ce égoïste alors de sa part de tout faire pour la retrouver ? « Qu'est-ce que tu fais ici, Soren ? » Dit lui. Dit lui que t'es qu'un abruti. Dit lui que sans elle ton monde ne tourne plus rond, que. Dit lui que tu l'aimes, que tu l'as toujours aimé. Est-ce que tu lui as déjà dit une seule fois ces trois mots ? Ces trois mots qui remplissent tout ton cœur et ton âme en les entendant. Non, parce que ça t'arracherait ta putain de liberté à laquelle tu tiens tant, être sans attache, vivre comme tu le souhaites, et pourtant tu crèverais de le lui dire ces mots, parce qu'elle est encore plus importante que tout ça. « Je ... » Pourquoi c'était si difficile pour lui de lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur ? Parce que ça montrait qu'il avait des faiblesses, que ça le rendait humain ? « Je voulais te voir, je … » Pourquoi n'arrivait-il pas à trouver les bon mots ?

Il n'y a pas une seule journée qui passait sans que je pense à lui, que je me demande comment il avait pu me faire ça. Moi qui était sûre que nous avions quelque chose, quelque chose de spécial, vraiment. Et il l'avait gâché. Quand il était parti pour ce tournage, l'idée qu'il puisse me tromper ne m'avait même pas effleuré l'esprit, c'était impensable pour moi. Et pourtant, quand il a remis les pieds à Boston, il avait changé. Je l'aimais toujours autant, mais il était différent. Je ne me doutais de rien. Peut-être aurai-je dû, n'est-ce pas ? Six mois, ce n'était pas si long pourtant. Ces six mois pendant lesquels je me rendais compte je me rendais compte que mon monde tournait à l'envers sans lui. Quand j'avais ouvert et que je l'avais vu, se tenant juste là, j'étais restée bouche-bée. Ses yeux, ses lèvres, son visage. Je n'en revenais pas qu'il soit là. Mon coeur battait à la chamade, de colère et d'amour. J'étais encore trop vulnérable pour le voir, beaucoup trop. Je refermai la porte brusquement, cherchant mon souffle. « Chloe … Chloe s'il te plait ouvre moi. » Je sanglotai. Je ne voulais pas le voir, je ne voulais pas qu'il soit là. Il n'avait pas le droit de venir me voir ici. Pas pendant que je me guérissais de ce qu'il m'avait infligé. « Qu'est-ce que tu fais ici, Soren ? » Je séchai mes larmes, soupirant. Je voulais savoir pourquoi. Il voulait voir dans quel état il m'avait mise ? Pensait-il que j'avais lui sauter dans le bras en le trouvant sur mon porche ? Alors il pouvait rêver. « Je ... » Je déglutis difficilement. Allait-il vraiment les prononcer, ces trois mots ? Je ne les avais jamais entendu sortir de sa bouche, jamais. Dire que ça ne m'avait rien fait serait mentir, mais je ne m'en souciais pas plus que ça, je savais qu'il était comme ça. Lent à s'ouvrir, mais vite pour se fermer. J'attends patiemment de voir ce qui allait suivre. « Je voulais te voir, je … » Je me mordis la lèvre inférieure pour ne pas me remettre à pleurer à nouveau. J'aurai bien aimé qu'il les dise, ces trois mots. Je me relevai doucement en prenant appui sur la porte. Je ne voulais pas lui ouvrir cette porte. C'était comme lui redonner un accès à mon cœur... Je replaçai une mèche de mes cheveux en soupirant. « Et j'ai l'air de vouloir de voir ? » Je voulais qu'il parte, mais je ne le voulais pas non plus. Je me trouvai ridicule. Je poussai un soupir et retirai mes souliers. Je savais que je pourrai pas sortir de ma maison de sitôt. Je croyais être au bout de mes peines lorsque j'aperçus une camionnette tourner le coin de la rue. La fichue camionnette. Je m'approchai de la porte, résignée. « Si tu savais la chance que tu as... » Je levai les yeux au ciel pour être sûre de ne pas pleurer à nouveau. J'ouvris la porte et l'attirai rapidement à l'intérieur. Je me détachai rapidement de lui en déglutissant. « Eumh.. des paparazzis...» Tentai-je d'expliquer. Tous les deux, nous savions très bien que notre rupture n'avait pas besoin d'être médiatisée encore plus. Je marchai vers la cuisine, tentant de mettre le plus de distance possible entre Soren et moi. « Tu peux sortir par derrière. Il y a un chemin qui te mènera à la plage et tu finiras par tomber sur le chemin principal... » Ma voix était à peine perceptible, confuse. Sa présence commençait me rendre inconfortable, son regard sur moi, le voir dans mon champ de vision. Sa présence me rendait dingue, dans tous les sens du terme.

« Et j'ai l'air de vouloir de voir ? » Tu savais bien qu'en venant tu n'allais pas être le bienvenu Soren ! Tu t'attendais à quoi, franchement ? Qu'est ce qu'il pouvait faire maintenant, essayer de se justifier, la supplier ? Il savait qu'il ne ferait jamais ça, trop prétentieux qu'il était. Alors quoi, attendre, en lui répétant d'ouvrir cette porte. Et quand elle n'aura pas ouvert après une heure, qu'est ce qu'il allait faire, continuer son cinéma ? Tu peux mieux que ça quand même, oublie ton arrogance, ta fierté et dit lui ce que tu as sur le cœur !Un bruit attira un moment son attention. Une camionnette blanche venait d'apparaître. Il ne connaissait que trop bien ce type de voiture, il envoyait partout depuis qu'il était tout gamin. C'était bien sa vaine, tous les Etats-Unis allaient le voir comme un con face à une porte fermée. Il voyait déjà les gros titres, les émissions people passer les images commentées par des présentatrices à la voix de crécelle sans cerveaux. Soren aurait été prêt à retourner sur ses pas, fonçant directement sur la camionnette et bousculant le type qui tenait son appareil photo. Ca lui plaisait d'harceler les gens, il voulait des infos croustillantes c'est ça, il aurait été capable de lui en donner, une nouvelle crise du jeune Hartley, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas foutu un poing à un photographe, ça lui ferait un bien tellement fou. Déclencher une nouvelle crise en cognant un type qui faisait pour payer sa bouffe, son loyer, les études de ses gosses, intelligent Soren ! Mais une voix le rappela à l'ordre avant que tout commence. « Si tu savais la chance que tu as... » En temps normal, avec une phrase comme telle, le jeune se serrait contenter de lancer un sourire ravageur dont il avait le secret et aurait répondu ''Je sais, je sais '' Oui, mais on était pas en temps normal mon gars. Soren resta un moment sans rien dire … Elle … elle allait vraiment le laisser rentrer ? Ces paparazzis pouvaient être utile au fond. Quand il entendit la porte s'ouvrir son cœur se serra à nouveau, encore plus quand elle le fit entrer tout aussi rapidement qu'elle s'éloigna de lui. Il ne savait pas quoi faire, est-ce qu'il devait lui dire quelque chose, faire quelque chose ou … ou simplement attendre. Elle le fuyait du regard, comme si il était un monstre. Mais c'est ce que t'es Soren. Il attendait une réaction de sa part, qui puisse le guider sur quoi faire, il était désemparer, il se sentait con. « Eumh.. des paparazzis...» Il ouvrit la bouche mais … ne dit rien. Qu'est ce qu'il pouvait bien dire ? Sans cette camionnette elle ne l'aurait jamais laissé rentré, il serait resté des heures face à cette porte. Il se contenta de hocher la tête.Il voyait bien qu'elle faisait de son mieux pour garder une distance entre eux. Il ne lui en voulait pas, il la comprenait. Il la suivait sans un mot, respectant cette distance qu'elle lui imposait, même si il mourrait d'envie de traverser cette frontière invisible. « Tu peux sortir par derrière. Il y a un chemin qui te mènera à la plage et tu finiras par tomber sur le chemin principal... » Chloe parlait d'une petite voix, comme si chaque mots étaient tous plus difficiles à prononcer rien que les autres. Heureux Soren ? C'est toi qui lui fait ça, tu t'en rends compte au moins ? Il jeta un léger coup d'oeil à la porte. Oui, il pouvait sortir et éviter ces foutus paparazzis. Aller sur la plage, et marcher, des minutes des heures, en ce demandant ce qu'il pouvait bien faire, pourquoi il avait été aussi con. Oui, il pouvait. Et il l'avait déjà fait, mais là maintenant qu'il était face à elle, il ne voulait pas. « Je peux sortir par derrière … Mais si je ne veux pas ? » Il plongea ses yeux clairs dans les siens, est-ce que c'était la bonne chose à faire ?

« Si tu savais la chance que tu as... » Et voilà une autre raison pour haïr encore plus ces fichus paparazzis. J'étais peut-être furieuse, mais pas au point de la laisser à la porte ainsi. Du moins, pas avec ces paparazzis. Je pouvais tout à fait imaginer ce sourire satisfait sur les lèvres de Soren. Il avait réussi son coup, cette fois. Si je ne voulais pas voir de photos de lui devant ma porte sur internet, je voulais encore moins en voir de moi le tirant dans ma maison. J'ouvris rapidement la porte et l'attrapai pour le faire entrer. Juste ce simple contact m'avait donné des frissons, pour une raison non-identifiable. Je replaçai une mèche de mes cheveux en reculant de quelques pas, pour établir une certaine distance. « Eumh.. des paparazzis...» Je me frappais mentalement la tête contre un mur. Bien sûr, qu'il l'avait reconnue, cette fameuse camionnette blanche. Je ne savais juste pas comment agir ou quoi dire. Qui saurait comment réagir dans ces situations ? Je le fuyais du regard, incapable de regarder sans ressentir ce flot d'émotions incontrôlable. Je me dirigeai vers la cuisine, le fuyant aussi physiquement. Je n'aimais pas l'avoir à une si petite distance. Je me sentais envahie par lui, il était dans ma précieuse bulle « coeur en réparation ». Je passai derrière le comptoir, mettant un obstacle matériel entre nous. « Tu peux sortir par derrière. Il y a un chemin qui te mènera à la plage et tu finiras par tomber sur le chemin principal... » J'avais balbutié comme ce n'était pas possible. Comme une jeune fille coincée qui essaye de présenter un oral, quoi. J'étais juste inconfortable de l'avoir là, juste devant moi, cet homme qui avat si facilement brisé mon coeur. Je m'en voulais presque de m'être offerte, attachée aussi vite à lui alors qu'il avait toujours gardé une certaine sécurité. Je m'étais complétement lancée dans notre histoire alors qu'il avait gardé qu'il avait gardé un pied à l'extérieur. Et j'étais celle qui se retrouvai seule et déchirée. Je relevai rapidement le regard vers lui. L’auscultant de la tête aux pieds. Il était toujours aussi beau. J'étais tiraillée entre l'idée de le garder ici, tout près de moi et celle de le mettre dehors à grands coups de pied aux fesses. J'aurai dû me douter qu'il n'allait pas tarder à venir me trouver, mais j'avais croisé les doigts pour qu'il ne le fasse pas. Je n'aimais pas particulièrement qu'on me voit dans cet état, surtout qu'il était le responsable de mon état. Quoique je l'étais toute autant. J'avais été naïve et aveugle, lors qu'en y repensant, ça sautait aux yeux que quelque chose s'était passée avec lui. Je le sentis s'approcher, mais j'étais figée sur place. « Je peux sortir par derrière … Mais si je ne veux pas ? » Je pressai mes lèvres l'une contre l'autre, frissonnant de nouveau. C'était un terrain dangereux. Ces yeux plongés dans les miens. Je mourrai d'envie de poser mes lèvres sur les siennes, de faire comme s'il ne s'était rien passé. Comme s'il n'avait pas déchiré mon coeur en mille et un morceaux pour les piétiner ensuite. Mais je n'étais pas ce genre de personne, je pardonne peut-être facilement, mais je n'oublie jamais. Je posai ma main sur son torse et le repoussai délicatement. « Tu sais, j'ai jamais su comment elle s’appelait, cette fille avait qui tu m'as trompée. Mais j'imagine que tu es le mieux placé pour m'en parler.. » J'avais été glaciale. Je haussai les sourcils et le regardai comme si cette question était vide de sens. Je voulais lui montrer que la pilule avait pas encore passée. « Et maintenant que tu m'as vue, que tu as vu dans quel état pitoyable j'étais, tu dis ce que tu as à dire et tu prends la porte. » Je reprenais ma confiance, mon assurance, mais je savais que ça ne se finirai pas ainsi. J'étais peut-être une véritable tête de mule, mais nous étions deux à l'être dans cette maison. Nous étions encore à proximité, à peine vingt centimètres. Je ne lâchai toujours pas son regard, sachant cependant que mon regard ne reflétai pas seulement ma colère, mais aussi mon mal à le rejeter ainsi. J'étais comme un livre ouvert, mais je n'y pouvais rien. Et s'il y avait bien une personne qui savait lire plus que facilement en moi, c'était lui. C'était d'ailleurs ce qui m'avait complétement déstabilisée au début. L'aisance avec laquelle il comprenait ce que je voulais en regardant seulement mon visage ou mon langage non-verbal alors que moi j'arrivai à peine à le décoder. Je n'avais jamais aimé qu'il ait cet avantage sur moi, mais aujourd'hui c'était pire.

« Tu sais, j'ai jamais su comment elle s’appelait, cette fille avec qui tu m'as trompée. Mais j'imagine que tu es le mieux placé pour m'en parler.. » On a beau croire ce qu'on veut de Soren, que c'est un connard, un type sans cœur, et ça il le savait, ça fait quand même mal. Et plus qu'on ne le croit. Il s'est toujours donné cette image de type insaisissable, qui n'a rien à foutre du monde qui l'entoure, le type inébranlable. Et pourtant, il était surement plus fragile que n'importe qui. Il s'était forgé une image, une carapace, que personne n'arrivait à saisir, il était bon acteur. Ça faisait mal oui, et ça l'énervait aussi, et si il continuait comme ça, il allait s'engager dans un terrain glissant, et une explosion de colère de la part de Soren, c'était jamais beau à voir et ceux qui y avait déjà assisté s'en souviendront toute leur vie. Il garda pourtant son regard plongé dans le sien, inébranlable, il n'avait même pas cillé, il ne montrait jamais ces émotions et pourtant à la l'intérieur, il enrageait. Il enrageait de se retrouver face à ses propres actes, que ça le mette lui et surtout Chloe dans cet état là. Mais non, il ne cillerait pas, il voulait se prouver qu'il pouvait rester fort, comme si il voulait dire ''J'assume ce que je fait, on me prend avec mes qualités comme mes défauts'' Un vrai con en somme. Mais il était comme ça Soren, il l'avait toujours été, et il ne voulait pas changer, il avait peur de changer, de devenir vulnérable. Il ne parlait pas, il continuait à l'écouter, tout en gardant son regard sur elle, mais dieu ce que c'était difficile de la voir dans cet état là sans rien faire. « Et maintenant que tu m'as vue, que tu as vu dans quel état pitoyable j'étais, tu dis ce que tu as à dire et tu prends la porte. » Elle se reprenait, plus force dans sa voix, dans ses propos et au fond, il préférait ça. Elle avait l'air déterminé à le voir partir, mais Soren était tout aussi, voir plus déterminé à rester. Un dialogue de sourd ces deux là. Il voulait rester et s'expliquer, lui dire ce qu'il avait sur le cœur, mais ne trouvait pas les bons mots, ni les bons gestes. Expliquer ses sentiments, ce n'était pas une mince affaire pour lui. La seule fois où il l'avait fait, c'est lorsqu'il avait prononcé un discours en la mémoire de Casey lors de ses funérailles. Depuis plus rien, ce fut le seul jour où on avait percer sa carapace. Sinon, jamais il n'abordait le sujet, même quand on lui posait des questions détournées, il retournait toujours la situation à son avantage. Il avait toujours son regard bleu posé sur le sien, mais c'était une nouvelle expression sur son visage, comme un mélange de colère, de tristesse. « T'aurais préféré quoi ? Que je ne te dise rien peut être ?! ». Il était cassant, trop même, par rapport à la situation, comme si c'était lui la victime. Mais c'était sa façon à lui de lui montrer à quel point sa première phrase l'avait blessé, en passant pour un vrai salaud. Puis, d'un coup il baissa son regard, fixant le sol, pendant un moment. Il cherchait ses mots, il cherchait comment se lancer, sans trop se mouiller. Mais merde Soren, vas y, remballe ta fierté et dit lui. « … Si tu savais comme je m'en veux ». Il avait murmuré cette phrase, tellement bas, qu'elle en était quasi inaudible. C'était comme si il avait fait exprès, la prononcer si bas que Chloe ne l'entende pas, mais lui savait bien qu'il l'avait dit. S'en était égoïste de sa part, mais que voulez vous, il était comme ça.

« Tu sais, j'ai jamais su comment elle s’appelait, cette fille avait qui tu m'as trompée. Mais j'imagine que tu es le mieux placé pour m'en parler.. » Je voulais le blesser, le faire réagir d'une façon ou d'une autre. Il ne pouvait pas se pointer chez moi, sans se douter que je serai contre sa présence. Ce n'était pas sain, ni pour lui, ni pour moi. Son regard était plongé dans le mien et aucun de nous ne lâchait prise. Le fait qu'il ne réagisse pas, qu'il ne bouge pas, me rendait encore plus dingue. Je voulais qu'il crie, qu'il me dise n'importe quoi, qu'il frappe le comptoir, peu importait. Je voulais juste qu'il montre quelque chose, une émotion, quoi. Il avait toujours été ainsi, je ne savais pas pourquoi j'avais espéré autre chose. Peut-être parce qu'il s'agissait de « nous » ? Je pris une grande respiration. Sa présence commençait à vraiment n’importuner, il allait me pousser à bout, à ne rien dire ainsi, alors il était temps qu'il parte. « Et maintenant que tu m'as vue, que tu as vu dans quel état pitoyable j'étais, tu dis ce que tu as à dire et tu prends la porte. » J'aimais cette impression de reprendre le contrôle de mon corps, bien que je savais pertinemment qu'il pourrait me déstabiliser en un rien. Il avait toujours eu cet effet sur moi. Au début de notre relation, je perdais carrément mes moyens dès qu'il était là. Et nous étions de retour à la case départ. Son expression changea peu à peu, exprimant à la fois colère et peine. « T'aurais préféré quoi ? Que je ne te dise rien peut être ?! » Son ton avait été cassant et brusque. Beaucoup trop pour moi ? Qu'est-ce qu'il pouvait me reprocher ? De lui avoir jeté sa bague de fiançailles à la figure après qu'il m'ait appris qu'il m'avait trompée ? Je bouillonnai intérieurement. « Tu sais ce que j'aurai préféré ? J'aurai préféré que tu gardes ton cul hors du lit de cette fille ! » Je pris une grande respiration en posant mes doigts sur mes tempes. Je reposai brusquement mes mains sur le comptoir. « Et tu sais ce que j'aurai aimé après ? Qu'on se marie, qu'on ait des bébés, qu'on s'achète une belle grosse maison... Tu vois toutes les choses que font les couples amoureux ! » Je crus pendant un instant qu'il allait s'emporter, mais ça n'arriva pas. Je ne savais comment réagir avec les personnes que je poussais ainsi à s'emporter. Certes, je l'avais cherché, mais après ? Ce fut avec étonnement que je le vis descendre la tête, le regard vers le sol. Je me sentis coupable pendant un instant, sûrement parce que j'étais la pire des idiotes amoureuses. « … Si tu savais comme je m'en veux » Ces paroles étaient presque inaudibles, mais avec le silence de mort qui régnait dans la maison, je n'avais pas eu tant de peine à percevoir ces mots. Je m'approchai doucement de lui, pas à cause de ces paroles, mais bien parce qu'il avait entrouvert sa carapace. Je pense même que j'aurai préféré ne pas les entendre. J'aurai pu continué de lui en vouloir autant, mais ces mots m'avaient rentré dedans. Je relevai sa tête en posant deux doigts sous son menton, mais réalisai bien vite que mon geste n'était pas approprié et reculai d'un pas en baissant la tête, gênée. « Sincèrement, j'espère que tu t'en veux. Pour le mal que tu m'infliges. Je t'aimais tellement et... Et tu m'as juste détruite. Comme si je n'étais rien pour toi. Ce ne sont pas des choses qu'on fait quand on aime, Soren. » J'avalai difficilement ma salive. Prononcer ces mots pour la première fois à voix haute, ça les marquait dans ma mémoire. Ça les rendait vrais. J'essuyai rapidement une larme sur ma joue, la fuyarde qui me trahissait. Je détestai pleurer devant les gens, mais devant lui, c'était pire. Elles coulaient de plus en plus, formant des coulées d'eau sur mes joues. « Je suis désolée, je.. » Je ne finis pas ma phrase, trop occupée à essayer de cacher mes larmes, comme s'il n'avait pas remarqué. Ces larmes étaient la preuve tangible que je l'aimais encore tant et je pense que c'était ça le pire.

Il serrait le poing. C'était la colère, la tristesse, il voulait les laisser exploser, cogner sur le comptoir, crier et tout laisser sortir. Mais il ne faisait rien, se contentant de serrer le poing en la regardant toujours. Il fallait qu'il assume, pas qu'il cherche a s'expliquer, il devait faire face à ce qu'elle lui disait et encaisser le tout. « Et tu sais ce que j'aurai aimé après ? Qu'on se marie, qu'on ait des bébés, qu'on s'achète une belle grosse maison... Tu vois toutes les choses que font les couples amoureux ! ». Il avala difficilement sa salive, toujours en la regardant sans un mot. Il vivait au jour le jour, il ne planifiait jamais sa vie, attendant ce que le destin lui réservait. Mais plus jeune il avait toujours eu cette idée que plus tard, quand il serait vieux, il serait marié et vivrait dans un ranch, comme celui de sa tante où il avait ses meilleurs souvenirs. Et quand il repensait à ça, c'était Chloe qu'il voyait à ses côtés. T'as tout foutu en l'air Soren, t'es trop con. Et pourtant tu le savais, en lui offrant cette bague il y a 6 mois, tout agissait comme ci c'était un coup de tête, une folie dont tu avais le secret, alors qu'au fond, c'était plus sérieux que ça. Et après tu as pris peur et tu as tout gâché, tout est de ta faute ! « Sincèrement, j'espère que tu t'en veux. Pour le mal que tu m'infliges. Je t'aimais tellement et... Et tu m'as juste détruite. Comme si je n'étais rien pour toi. Ce ne sont pas des choses qu'on fait quand on aime, Soren. » En lui relevant la tête, elle le forçait à la regarder, a voir ce qu'il avait fait, ce qu'il lui infligeait. Il s'en voulait tellement oui, il regrettait, il voulait remonter le temps, tout effacer. Il avait toujours agit avec son air de je m'en foutisme, j'assume tout ce que je fais. Mais aujourd'hui, non, il n'assumait pas, il était pleins de remords, de tristesse et le pire pour lui était de faire subir tout ça a Chloe. Quand il vit la première larme couler sur la joue de Chloe, il se mordit la lèvre, elle voulait se montrer forte mais c'était trop difficile pour elle, il le savait. Il ne voulait pas qu'elle pleure, pas pour lui, il n'en valait pas la peine. Et surtout, il ne pouvait pas la voir comme ça, en se disant que c'était de sa faute, ça le tuait de la voir dans cet état. Subitement, il l'a pris dans ses bras, la serrant contre lui. Elle allait surement le repousser, lui hurler dessus, mais il s'en foutait. Il la tenait contre lui, la berçant doucement, comme un petit être fragile dont il fallait prendre le plus grand soin. Il cherchait toujours ses mots, ce n'était jamais son fort, il voulait lui dire tellement de choses, mais il se savait pas comment. « C'est moi qui suis désolé. » Il parlait d'une voix calme, douce, alourdie par les remords. Il la tenait contre lui, comme si il voulait ne plus la laisser partir et la garder à jamais. Il fallait qu'il lui dise quelque chose, autre que des excuses qu'il avait déjà répété des millions de fois, tellement qu'on aurait pu croire que ça en devenait un automatisme. Il prit une longue inspiration et parla d'une voix brisée.« C'est comme ci il fallait que je détruise tout ce qu'il y a de bien autour de moi. Comme si je me disais que je n'avais pas le droit d'être heureux. Et on dirait que suis devenu bon à ça, tout détruire en l'espace de quelques secondes et faire souffrir les personnes qui me sont chères, encore plus que moi. » Il se sentait fragile, trop, il n'aimait pas ça. Il se sentait sur le point de se briser, d'éclater en sanglots. Il tenait toujours Chloe contre lui, mais commença à desserrer son étreinte. « Ne pleure pas pour un type que moi, tu vaux mieux que ça Chloe. »